Patrimoine, travaux et béton !

Le patrimoine ne se cantonne pas uniquement aux plaques commémoratives. Il se lit partout dans les murs de notre village, même là où on ne l’attend pas.

Aujourd’hui, la remise qui fut le syndicat d’initiative a été détruite. Ce n’était pas qu’un simple hangar sans intérêt. L’histoire s’est aussi inscrite dans ses murs. Un jour de novembre 1942, les Allemands arrivaient au Puy-Sainte-Réparade et stationnaient leurs dizaines de chars sur la place du village. Afin de constituer un atelier de mécanique, les Allemands décidaient de réquisitionner ce hangar où le garde champêtre Adelin Sauve, bien connu dans nos mémoires, rangeait sa charrette. Adelin avait fait la première guerre mondiale, il ne s’est pas laissé intimider comme ça ! Il a réussi par l’intermédiaire du maire à faire déménager les Allemands dans les hangars proches de la voie ferrée.

Peut-on voir dans ce simple bâtiment l’esprit de la résistance ? Il est fort regrettable de le mettre à terre sans avoir réfléchi à sa portée historique et culturelle. A l’heure où les touristes ne font que passer au Puy-Sainte-Réparade, n’est-il pas le moment de mettre en valeur le patrimoine qui a fait l’histoire et l’attrait de notre village ?

En 2016, une consultation a été lancée par la municipalité auprès de 6 entreprises pour construire 56 logements à l’emplacement de la cave coopérative vinicole et dans son périmètre.

Après trois années sans aucune nouvelle, les élus de l’opposition ont eu droit à une commission d’aménagement et un conseil municipal cet été, pour annoncer que seulement deux entreprises (Unicel et Bouygues) ont répondu au cahier des charges, le meilleur choix étant porté d’après la mairie pour le projet Bouygues.

Nous faisons plusieurs reproches à ce choix de construction. Tout d’abord l’accès difficile par le Chemin du Moulin, qui n’est toujours pas aménagé, malgré une subvention importante reçue de la CPA, voici plus de trois années.

De plus, les deux groupes d’opposition ont voté contre la transformation de la cave coopérative en logements sociaux qui ne profiteront pas aux habitants du Puy, mais qui vont supprimer de fait toutes les places de stationnement utilisées par les parents d’élèves pour accéder aux écoles, créant ainsi une nouvelle dégradation de la vie quotidienne. Ce programme de logement va concentrer dans cet espace un flot de véhicules.

En lançant une telle opération en cette fin de mandat, le projet ne verra le jour, compte tenu du dépôt de permis et du lancement des achats, que pendant l’été 2020. Ce qui est inconcevable, car les prochains élus municipaux devront en supporter les conséquences. Le maire actuel pense sans doute qu’il restera maire pour le prochain mandat ou s’est-il autoproclamé sans vote ? Les habitants de notre village apprécieront la démarche.

Ce qui est navrant, c’est que la cave coopérative vinicole va disparaître. Il ne restera qu’une partie de son squelette, une façade morte, un grand paysage fantôme… Car le seul projet retenu par le maire est de concéder à une entreprise du bâtiment la destruction de notre patrimoine. Ce qui fait notre histoire commune.

Petit rappel à tous ! La coopérative vinicole a été construite en 1924. Ce passé coopératif a assuré aux petits viticulteurs un débouché économique important. La cave vendait son vin de pays et ses bouteilles de mousseux. Il a fallu l’agrandir en 1929, en 1940 et en 1968 pour répondre à la croissance de la production viticole. Puis, elle a fermé. C’est le cas aujourd’hui dans la plupart des communes de France. Le modèle économique a vécu.

Il reste toutefois un bâtiment magnifique, à la façade de style art déco, peinte de grappes rouges sur fond gris dans des médaillons ronds, mentionnant le nom de la coopérative et les dates. Nous qui passons aujourd’hui dans le quartier, regardons tous ! Une maçonnerie de moellons enduits, la cave est répertoriée à l’inventaire du patrimoine culturel régional. Difficile d’imaginer la beauté de ce patrimoine industriel car le bâtiment est depuis longtemps laissé à l’abandon. Pourtant, comme d’autres villages, la commune aurait pu faire le choix d’un projet de réhabilitation.

Après deux mandats, soit 12 années, n’était-il pas possible de construire un projet ambitieux ? Un véritable projet global de développement économique et touristique, utilisant les possibilités d’un tel bâtiment. Comme d’autres communes du sud qui ont été capables d’installer par exemple au sein d’un bâtiment reconverti et mis en valeur : des locaux administratifs d’entreprises, restaurant, salles d’exposition, salle de spectacle, office de tourisme, bibliothèque, etc… Bref, un véritable lieu de respiration au centre d’une ville au patrimoine vivant. Quel avenir pour une commune qui n’a plus de mémoire ?

C’est la vie d’hommes et de femmes qui ont écrit une partie de l’histoire de notre commune dans ces espaces, dont les murs regorgent sans doute de récits et d’anecdotes. La mairie a prévu malheureusement un tout autre avenir moins glorieux pour notre patrimoine.

D’autres projets de bétonnage vont suivre… !